Budget 2026 : Les acteurs de la renovation s'inquietent

MaPrimeRénov' : les acteurs réclament un engagement clair de l'État pour 2026
Alors que le gouvernement prépare les grandes lignes du budget 2026, les inquiétudes grandissent du côté des professionnels de la rénovation énergétique. Plusieurs structures , en première ligne du conseil aux particuliers, ont adressé une lettre ouverte au ministre de l’Économie pour demander des garanties sur le financement de MaPrimeRénov’.
Une demande urgente : pérenniser le budget de la rénovation
À l’origine de cette mobilisation, la suspension du guichet de dépôt des aides MaPrimeRénov' pour les rénovations globales a ravivé les tensions. Pour Bénédicte Rouault, directrice générale de la Fédération des agences locales de l’énergie et du climat, cette décision a jeté le doute sur l’avenir de tout un écosystème. "Il y a un vrai sentiment d’instabilité. L’ensemble de la filière est en alerte", résume-t-elle.
Aux côtés d’autres membres du comité de pilotage de France Rénov’, ces acteurs réclament un budget sécurisé de 5 milliards d’euros pour 2026, alloué à l’Agence nationale de l’habitat (Anah), ainsi qu’un engagement pluriannuel de l’État. Le message est clair : sans visibilité budgétaire, impossible de structurer durablement la filière.
Des espaces de conseil locaux affaiblis par l’incertitude
France Rénov’, service public gratuit dédié à l’accompagnement des ménages, s’appuie sur des espaces locaux cofinancés par l’État et les collectivités. Ces derniers peinent aujourd’hui à maintenir leur activité, confrontés à des financements irréguliers et à une politique nationale en constante évolution. Les signataires demandent une prise en charge plus conséquente de la part de l’État, qui couvrirait 80 % des coûts de fonctionnement de ces structures.
Une dynamique menacée par les coupes budgétaires
Au cœur des inquiétudes : la dynamique très forte observée en début d’année 2025, qui a entraîné une hausse significative des demandes d’aides. Or, les moyens alloués n’ont pas suivi, laissant craindre un essoufflement brutal du secteur. "La suspension du guichet risque de casser l’élan, alors même que la demande est là", déplore Bénédicte Rouault.
Cette situation s’inscrit dans un contexte de rigueur budgétaire. En juin, le gouvernement a procédé à une réduction de près de 350 millions d’euros dans les dotations prévues pour l’Anah. Officiellement, cette décision repose sur une trésorerie excédentaire et des recettes de CEE plus élevées que prévu. Mais sur le terrain, cette logique comptable est difficile à justifier face aux besoins croissants.
Les structures locales expriment un ras-le-bol palpable. Les équipes de terrain, qui reçoivent quotidiennement des ménages en quête de solutions pour leurs logements, doivent faire face à l’incompréhension et parfois à la colère des usagers. "Les annonces gouvernementales ne suffisent pas. Ce qu’il faut maintenant, c’est une relance concrète du service, avec des moyens clairs", insistent les signataires.
Parmi eux figurent notamment l’Association des maires de France (AMF), le réseau Cler pour la transition énergétique ou encore Soliha, fédération engagée dans l’amélioration de l’habitat pour les publics modestes.
Un appel à la responsabilité de l’État
Ce que demandent les acteurs de la rénovation énergétique, c’est avant tout de la stabilité. Pas seulement des annonces, mais une trajectoire budgétaire fiable sur plusieurs années. Sans cela, ni les structures d’accompagnement ni les entreprises du bâtiment ne peuvent s’organiser pour répondre efficacement aux enjeux de la transition énergétique.
Alors que l’État affiche son ambition en matière de rénovation thermique, les professionnels rappellent que l’action doit suivre les discours. Le budget 2026 pourrait bien être un test décisif.